À la découverte de Munich

München, 28 septembre au 3 octobre 2003 – Le trajet de Nuremberg à Munich a été très court, fort probablement parce que j’anticipais mon retour dans la magnifique capitale bavaroise depuis le début de mon périple allemand. J’y effectuais ma rentrée pour le coeur du voyage !

Rue de Munich
Une rue de Munich, dans les vieux quartiers de la ville.

Je me suis installé à la même auberge de jeunesse qu’à mon arrivée pour rester dans la même ville jusqu’au 2 octobre, ce qui peut sembler une petite éternité, considérant les conditions de la tournée bavaroise qui venait de se terminer.

Comme je ne faisais que m’installer le 28 septembre, mon premier réflexe a été d’aller passer une partie de la soirée à la Marienplatz pour souper et relaxer avant d’entreprendre les activités prévues dans les prochains jours.

Je me suis assis à la terrasse du Zum Ewigen Licht pour y commander une Anno 1417 naturtrübes kellerbier, une spécialité de la brasserie Hacker-Pschorr avec une salade de patates et un wiener schnitzel (escalope de porc panée). Je peux encore recommander les produits locaux dégustés ce soir-là… en fait, presque tout ce que j’ai pu manger comme spécialité locale en Bavière a été intéressant. Il ne manque qu’une chose que bien des gens découvrent quand ils vont là-bas: la saucisse blanche (weisswurst), que je déteste et que j’ai évité comme la peste… même en Allemagne.

Si les gens se demandent à quel point Munich peut envoûter le touriste qui s’y intéresse… je dis que l’ambiance peut y être parfaite. La Marienplatz était animée en début de soirée et le repas était excellent, un petit vent me rafraîchissait légèrement. Avec un ou deux musiciens qui jouaient de l’accordéon dans les alentours, j’ai pu capturer, le moment d’un souper, l’atmosphère d’une vieille ville européenne enchanteresse avec son admirable architecture, son milieu urbain piétonnier calme mais enjoué et romantique. En fait, il n’y manquait que deux chandelles et une copine !

En revenant à l’auberge ce soir-là, j’ai vu un homme pleurer en face de moi dans le métro munichois, ce qui m’a donné l’impression que nulle part dans le monde les gens n’échappent à la tristesse et aux difficultés de la vie. J’étais sur un autre continent mais en même temps, j’avais l’impression de me retrouver à deux coins de rue de chez moi. Étrange, n’est-ce pas ?

Le lundi 29 septembre

Quelle journée de fou ! Je me suis levé très tôt avec un calendrier chargé. Je voulais profiter de mes quelques jours à Munich pour visiter autant de sites et d’attractions que possible. Comme je planifie habituellement bien mon temps, j’ai réussi à visiter un bon nombre d’endroits en peu de temps… pour revenir chaque soir avec les jambes en compote.

Le matin, je suis parti de l’auberge pour m’arrêter à la station de métro Marienplatz et marcher autour du centre-ville. J’ai été voir le viktualienmarkt qui m’a grandement estomaqué parce qu’il était à peu près comparable au marché Jean-Talon de Montréal, si l’on remplace les produits de viande par de la charcuterie !

J’ai parcouru l’Odeonsplatz où l’on peut retrouver l’ancien palais Leuchtenberg et surtout la superbe halle des capitaines (Feldherrnhale) construite de 1840 à 1844 pour honorer les généraux bavarois, qui donne à l’endroit un air presque italien. C’était étrange mais captivant.

Odeonsplatz
La halle des capitaines, à l’Odeonsplatz.

Ensuite, j’ai été voir le Hofgarten, un très joli jardin, et visiter la Residenz, résidence munichoise de la dynastie de Wittelsbach bâtie à partir de 1385. Le trésor et le musée de la résidence sont particulièrement truffés d’oeuvres et d’objets d’époque qui séduisent l’oeil, même celui du néophyte du monde des arts !

Hofgarten
Le Hofgarten, joli jardin munichois.

Avant d’y entrer, je me suis arrêté dans une chocolaterie où à peu près toutes les gâteries offertes sur les étalages semblaient délicieuses, pour manger une barre pralinée qui a donné un petit orgasme à mes papilles gustatives. Que voulez-vous ? Je suis de ceux qui ne peuvent résister à l’attrait du cacao mélangé au lait ou à la crème…

Vers la fin de l’après-midi, je me suis rendu à l’Englischer Garten, le très étendu jardin anglais situé au nord-est de la vieille ville. J’y ai pris peu de photos mais laissez-moi vous jurer une chose: ce jardin est colossal et si vous ne pouvez marcher sur une longue distance, ne vous aventurez pas dans un tel espace vert. J’ai adoré ma visite même si le biergarten (jardin de la bière) dont le Guide Michelin vantait les mérites était fermé parce que l’été était terminé. Dommage !

Englischer Garten
Le grandiose Englischer Garten, trop large pour entrer dans une seule photo !

Après une longue journée, l’appel du repas et du houblon se sont fait sentir. Un retour à l’auberge suivi de quelques vérifications auprès de ma banque pour m’assurer que les finances étaient en ordre ont suffi pour ponctuer la
journée avant de me rendre à la légendaire Hofbräuhaus, l’un des lieux saints de l’Allemagne pour tout amateur de bière digne de ce nom.
‘est quoi, la Hofbräuhaus ? Un des plus grands producteurs de bière de la Bavière dont la brasserie de Munich est célèbre et très populaire localement. En entrant, on voit deux accès: celui du restaurant à l’étage et celui de la brasserie elle-même. Je suis allé au restaurant en premier. J’ai commandé un steak de porc grillé accompagné d’une patate au four à la crème sûre et un bock de 1 litre de la bière blonde traditionnelle de la Hofbräuhaus… un petit plaisir composé de spécialités de l’établissement.

Après le souper, je suis descendu à la brasserie, tout simplement pour profiter de l’ambiance festive. Ne voulant pas m’enivrer davantage, je n’ai pas commandé de bière, je me suis contenté de m’asseoir à une table. Pour ceux qui ne connaissent pas l’endroit, la brasserie de la Hofbräuhaus est une très grande salle avec de longues tables et des bancs avec un groupe qui joue des chansons bavaroises pendant que les clients boivent leurs litres de bière et mangent quelques gros bretzels, une collation particulièrement prisée que j’ai bien apprécié moi-même. D’ailleurs, les bretzels «format chips» vendus en Amérique du Nord sont pathétiques, à mon avis !

En fin de soirée, vers 23h locales, je suis passé par la mini-boutique de la brasserie pour acheter deux bocks de format 500ml pour donner en cadeau, un pour mon père et l’autre pour mon beau-père. Des bocks authentiques de la Hofbräuhaus… je leur ai dit de ne pas les casser !

Le mardi 30 septembre

Ce matin-là, je n’étais pas trop enthousiaste. À l’agenda: une visite au camp de concentration de Dachau, à quelques kilomètres de Munich.

Je n’étais pas chaud à l’idée de jouer au touriste dans un endroit où des atrocités et des meurtres ont eu lieu. Toutefois, les personnes que je connaissais qui ont visité Munich et les environs m’ont recommandé d’y aller pour saisir l’horreur des crimes commis par le régime nazi, qui a sévi pendant 12 ans en Allemagne.

Dachau
«Le travail rend libre». Une entrée qui m’a glacé le sang.

D’une certaine façon, j’ai été «chanceux» car les conditions météorologiques étaient remarquablement ensoleillées. Au premier coup d’oeil, j’ai compris que la pluie avait le potentiel de décupler le choc reçu en arrivant sur les lieux. Les installations elles-mêmes, qui relataient par leur symétrie le meurtre planifié et systématisé de milliers de personnes, offraient déjà un sinistre spectacle. La noirceur et la tristesse ajoutées par des nuages gris et une averse de pluie ne pouvaient que se répercuter sur le moral du passager.

Je donne raison à ceux et celles qui m’ont incité à me rendre sur place. L’horreur du camp de concentration m’a frappé et j’ai eu l’impression que les images vues dans des documentaires d’histoire à la télévision se posaient devant mes yeux. Du coup, l’indifférence que tout individu habitué à la démocratie peut ressentir face aux mouvements politiques radicaux, qui gagnent en popularité dans certains pays, ne peut que disparaître.

Dachau
Franchir ce petit fossé n’était pas recommandé. Des tireurs assuraient la surveillance à partir de tours de contrôle et tuaient tout détenu qui tentait de s’évader.

En après-midi, j’ai continué mon itinéraire en visitant deux musées: le musée BMW et le Deutsches Museum.

Le musée BMW est plutôt fade. J’ai cependant adoré la vision d’une séduisante Z8 – l’auto de mes rêves – couleur argent stationnée à l’entrée intérieure, un petit bolide que j’ai photographié avec acharnement.

BMW Z8
La BMW Z8

Le Deutsches Museum, musée technique où le visiteur peut apprendre énormément de choses sur la mécanique, la technologie, l’industrialisation et la fabrication de produits courants, s’est avéré fascinant. Ça me rappelait les années d’école primaire, quand on visitait des endroits où l’on nous expliquait les procédés de fabrication et de transformation des industries locales, ou tout simplement ce qu’est l’électricité.

Il m’aurait fallu une journée complète pour donner justice à ce musée, mais je n’avais pas ce genre de temps !

L’Oktoberfest (1er octobre)

Pendant l’organisation du voyage, l’Oktoberfest était la pièce maîtresse de mes plans, mais au bout du compte, ce n’aura été qu’un épisode.

Oktoberfest
Pour respecter la tradition, il faut amener les fûts de bière en les traînant avec des chevaux.

C’est quoi l’Oktoberfest ? C’est la fête de la bière, l’équivalent houbloneux du pèlerinage de La Mecque. Environ 100 000 personnes se retrouvent en tout temps sur le site de la Theresienwiese, qui ressemble à un cirque avec quelques manèges, des comptoirs de fast-food allemand et surtout une quinzaine de gigantesques tentes. Dans les tentes, de longues tables et des bancs recouvrent une très grande partie de la surface et les gens y boivent la bière spéciale d’Oktoberfest brassée par la grande brasserie – les «six grandes» de la Bavière fournissent le breuvage doré – qui vend la bière dans la tente.

Oktoberfest
La tente de bière de Paulaner, là où l’on servait un bon bock d’un litre de la version Oktoberfest de la bière blonde de la grande brasserie bavaroise. Hmmm !

Je suis allé à la tente principale de Paulaner pour m’asseoir à une table avec quelques Bavarois et un touriste italien et j’ai commandé un bock d’un litre – ils ne vendent aucun autre format – de la bière d’Oktoberfest produite par Paulaner. Je peux vous dire une chose: la version Oktoberfest d’une bière contient plus d’alcool, donc «ça fesse dur» et très vite ! Comme j’ai voulu être raisonnable, je me suis limité à un bock, j’ai pris quelques photos, j’ai marché sur le site et je suis parti.

Oktoberfest
Le site de l’Oktoberfest ressemble, à première vue, à un cirque avec ses manèges et ses comptoirs de fast-food. Détrompez-vous parce que c’est une beuverie à grande échelle !

Pour le reste de la journée et celle du 2 octobre, je me suis contenté d’écrire à quelques proches, à revisiter certains endroits appréciés de Munich et à compléter mes achats de souvenirs, dont des bocks et verres à bière pour et un de mes amis et moi. La seule exception a été une courte visite à la Königsplatz pour prendre quelques photos des bâtiments architecturalement pompeux.

Königsplatz
L’architecture prétentieuse de la Königsplatz ne peut laisser indifférent.

Honnêtement, j’avais hâte de quitter Munich le 2 octobre. Pour une raison que je n’ai pas entièrement compris, cette cité m’a rendu très émotif. Tous les sentiments que je pouvais avoir ont été décuplés, ce qui est exceptionnel et déstabilisant pour un gars terre-à-terre (et parfois froid) comme moi, surtout dans les moments où les sentiments sont moins positifs. Pour la première fois, aussi, je pensais à Montréal et à mon environnement de vie habituel avec une petite hâte de revenir à la maison. Je ne m’attendais pas à la petite surprise que Berlin me réservait…

La suite: La conquête de Berlin

Michel Munger

I am an experienced communicator who worked in journalism for 15 years at La Presse, the TVA Group and Le Journal de Montréal. I spent a year at the United Nations in Germany and now am an internal communications editor at DHL. I founded the Bayern Central blog in 2011 and ran it for seven years. Cyclist, beer and coffee snob.