Coup de maître à Grenoble

Grenoble, 19-24 septembre 2008 – Pour la première fois du voyage, je me lève tôt. Il faut, car j’ai un train qui part à 9h46 vers Grenoble. Après environ deux semaines à jouer au Parisien, il est temps d’aller profiter des Alpes.

Tout est réglé au quart de tour et quand je prends le métro, je prévois de disposer d’un coussin d’une bonne trentaine de minutes pour faire imprimer mon billet et embarquer une fois arrive à la Gare de Lyon. Ça fait exprès, par contre: la ligne de métro tombe en panne à trois stations de mon point de débarquement. Les cons ! J’ai perdu plus ou moins 25 minutes dans un métro qui avançait au rythme d’une station par 8 ou 9 minutes. Coudonc, la Société de transport de Montréal a-t-elle commencé à exporter ses pratiques à Paris ?

J’arrive à la Gare de Lyon au pas de course. Quand je me présente au guichet pour obtenir les billets réservés, il reste… 5 minutes avant le départ. Et la femme qui me sert est une vraie tache. Elle me dit que je n’ai pas le bon numéro de réservation. Je lui réponds que j’ai pris ce que leur foutu site Internet m’a donné à l’écran. Évidemment, comme à n’importe quel endroit où on se fait servir ici, le client n’a jamais raison. Le staff ne fait jamais d’erreurs s’il faut les croire ! Une fois que j’ai mon billet, je lui rends la monnaie de sa pièce en refusant les politesses comme «merci» et «au revoir». S’il y a une façon efficace d’outrer les Parisiens, c’est bien celle-là. Une fois que je lui ai tourné le dos, elle me traite d’impoli et n’arrive pas à y croire. Payback is a bitch 🙂

Une fois dans le train, je fais un voyage somnolent de trois heures vers Grenoble, et débarque à la gare centrale. Quand je demande au service à la clientèle les indications pour la maison de tourisme, le gars et deux clients me donnent des informations sur la marche à suivre. En plus, ils lancent quelque chose du genre «avec le soleil, c’est une marche agréable». Wow, c’est du service. Malheureusement, l’office du tourisme est situé dans les quartiers centraux, contrairement à la gare qui est un peu en péripherie. Je me demande si les gens qui font ces choix réalisent que ça force des voyageurs à marcher dans les quartiers historiques avec leurs bagages, alors qu’ils aimeraient bien découvrir le tout une fois déjà installés… À la maison de tourisme, j’obtiens mon titre de transport, la carte qu’il me faut et le trajet pour aller à l’auberge de jeunesse. Je m’y installe et je repars vers le centre de Grenoble.

Le programme est plutôt léger pour le reste de la journée. Marcher dans les quartiers centraux et aller souper. La première chose qui me frappe, c’est la différence d’ambiance avec Paris. Quand on marche dans les rues, ont voit les Alpes entre les édifices. L’air est drôlement meilleur à respirer. Les gens sont nombreux dans les rues, mais généralement sympas. Un climat relax règne. En plus, il fait un peu plus chaud qu’à Paris, où la température oscillait de 5 à 10 degrés ces derniers jours. Bref, c’est un autre type de charme urbain qui me met de super bonne humeur.

En arpentant les lieux, je passe par les vendeurs de magazines, cherchant désespérément le plus récent exemplaire de The Economist. Il est plus dur à trouver ici que dans les grandes villes ! En plus, c’est une bonne lecture quand on est un peu moins occupé ou assis à un café. Je passe par quelques boutiques de vêtements, par curiosité. La boutique Esprit a de bien bons vetements pour hommes mais pour un chandail, on lit sur l’étiquette qu’il y a une différence d’une quinzaine de dollars entre le prix français et celui au Canada. Mettons qu’on va attendre de revenir à Montréal et voir si le même chandail est encore disponible… Sinon, je devrais survivre.

À l’heure du souper, je reviens à l’Auberge du Rhin, un resto remarqué pendant la marche un peu plus tôt. C’est un resto… alsacien !! Me souvenant de mon voyage alsacien en 2004, je ne peux résister. Je commande une tarte flambée au fromage munster avec un demi de pinot blanc bio. C’est vraiment conforme aux saveurs connues auparavant en Alsace ! Comme c’est moins cher ici qu’à Paris, je décide de me taper un dessert. Je commande la tarte au chocolat et à un fruit dont je ne me souviens pas du nom. Peu importe, le fruit-sans-nom et le chocolat forment une combinaison gagnante. Un excellent repas à un prix raisonnable. Si jamais vous passez à Grenoble, l’Auberge du Rhin est un must !

Ce n’est qu’une journée d’arrivée et je sens déjà que Grenoble est un coup de maître de ma part. Une destination improbable qui vaut la peine d’être découverte.

20 septembre

Argh ! Il me reste seulement une semaine avant le départ !

Je me lève vers 9h et je vais au déjeuner. Il y a beaucoup moins de monde ici qu’aux auberges parisiennes. La plupart des voyageurs sont très sociables, sauf pour une fille belle-comme-un-coeur qui a tout le charme d’un pan de mur.

Aujourd’hui, c’est une journée de montagne. Je prends l’autobus jusqu’au centre-ville pour aller à Bastille. Ici, Bastille est une ancienne forteresse montagnarde qui protégeait la ville des agresseurs. La fille qui m’a enregistré à l’auberge hier me disait que ça donnait la meilleure vue sur les environs. Je monte donc jusqu’à 500 mètres pour me trouver au fort. La hauteur n’est pas si grande, mais la montée se fait avec beaucoup d’escaliers. Ça demande quand même un effort.

La vue, toutefois, est très bonne. On voit la ville au pied des Alpes. La météo passablement nuageuse crée cet effet de magie autour des montagnes. Je verrais davantage de détails sur les sommets si c’était ensoleillé, mais les nuages donnent cette impression de comte de fée, qui devrait bien ressortir dans mes photos ! Dommage qu’on trouve toutes sortes de gens pas trop intéressants qui fument autour, après être montés avec le téléphérique qui est tout proche. Me semble que polluer l’air de montagne avec leur foutue cigarette au lieu de respirer la fraîcheur, c’est tout sauf un signe d’intelligence.


Comment ne pas aimer les Aples à Grenoble…

Me disant que je n’ai pas fait 500 mètres pour rien, je décide d’aller plus loin. Je monte à 630 mètres, au mont Jalla. C’est un sentier plutôt que des marches. L’effort est donc moins intense, de plus longue haleine. Ça me convient. Rendu au mont Jalla, j’ai une très belle vue sur les autres massifs. Marchant encore un peu, je me dirige vers Saint-Martin-le-Vinoux. Après avoir fait le tiers du trajet, je m’aperçois que j’ai passablement descendu et que je me retrouverai probablement dans un village. Comme il est passé 15 heures, je me dis qu’il est surement mieux de remonter…. et je repasse par la Bastille afin de voir si les conditions davantage ensoleillées me donneront un panorama plus clair pour varier les photos. Ce n’est pas le cas. Je reviendrai lors d’une fin d’après-midi, peut-être avec le téléphérique pour aller plus vite, histoire de prendre une photo du soleil qui se couche, brillant sur la ville et les montagnes !

L’inspiration a été difficile à trouver. Après une heure de promenade dans les quartiers centraux, j’arrête dans les environs de la Place Notre-Dame, où l’on trouve une foule de restos intéressants. Je trouve le Café de la Table Ronde, un des plus vieux du pays ! J’y commande un plat bien local: une escalope de veau au fromage bleu et du gratin dauphinois, qui est essentiellement des patates gratinées au fromage. Délicieux avec un demi de Côtes-du-Rhône. Bon, le vin n’est pas le plus savoureux que je connais, mais il est bien. Au prix qu’on paie ici, je me laisse tenter par un dessert, soit deux boules de crème glacée à l’espresso. Toutefois, je cherche le café dans cette glace à l’espresso.

21 septembre

Quel dimanche poche. Cette fois, j’ai peu planifié et ça a paru. Et la journée commence mal. À peine réveillé, j’entends un imbécile qui est dans le même dortoir que moi… comment dire… s’adonner à quelque chose qu’il devrait vraiment faire seul, si vous voyez le sens de l’euphémisme. Le pouilleux, qui ne m’a jamais semblé très propre, ne vient vraiment pas d’améliorer sa réputation. Dégueulasse. Je pars rapidement déjeuner après une douche, et à mon retour, le con est assis sur mon lit ! Un changement de draps s’impose… Le gars a l’air de penser que je suis sympa. Tu vas découvrir le contraire, mon vieux.

Je pars vers la ville. Je voudrais bien attaquer les montagnes mais après la montée assez exigeante de la Bastille, je me dis que je vais attendre lundi. Il reste que cette montée rapporte: je sens que j’ai perdu quelques livres, au point ou j’ai les abdos plus durs et que je dois serrer ma ceinture pour que les pantalons ne soient pas trop «lousses» 😀

Pour m’occuper, je décide de marcher dans les vieux quartiers pour connaître un peu les coins historiques de Grenoble. Malheureusement, il y a peu à voir. Je passe par les places publiques comme la Place St-André. Je visite les églises St-André et Notre-Dame. Je passe par les stades pour voir si un match de foot du club local ne serait pas prévu mais aucune affiche ou calendrier n’est sur place. Tout est fermé.

Je continue mon trajet de marche et regrette un peu cette visite à saveur historique. Grenoble est loin d’avoir les atouts d’une ville comme Paris quand on ne fait pas les Alpes.

Rendu à l’heure du souper, je traverse l’Isère pour retourner proche de la Bastille, car il y a là une série de pizzerias. Une pizz au saumon et du vin blanc, ça satisfait après une journée un peu moins colorée !

22 septembre

Au déjeuner, le pouilleux dont j’ai parlé hier est venu s’assoir directement en face de moi, faisant une tentative de me parler. Erreur. J’ai habilement évité tout contact visuel ou vocal avec lui. Payback really is a bitch.

Aujourd’hui, mon plan de visite tombe à l’eau. M’étant informé sur les trajets d’autobus qui mènent à la Moucherotte, un sommet alpin des environs, je passe par la gare routière de Grenoble pour acheter un billet et prendre le prochain autobus qui me mènerait proche des sentiers. Quand j’achète mon billet, le personnel ne prend pas le temps de me dire que le prochain départ sera seulement à 17h (!) et que de toute facon, un titre hebdomadaire de transport en commun couvre déjà le trajet que je veux faire. Quand je leur souligne ces points, ils ont l’air confus. C’est la que je rebaptise ce service TransIsère… le TransMisère.

Sans plan, je prends le tramway et me rends au bout d’une ligne, là ou je sais que je peux marcher le long de la rivière Isère, qui traverse la ville. J’ai vu des choses plus spectaculaires mais c’est bien agréable de marcher ici. Cette marche qui me ramène proche de la Bastille est assez longue et satisfaisante. Vers 16h, je décide de prendre le téléphérique pour remonter à la Bastille. Je voulais y revenir par temps dégagé afin de prendre des photos de fin coucher de soleil. Je dois attendre un peu, le temps que le soleil se couche. Et il fait froid, avec un solide vent qui souffle ! Je m’arme de patience et attends. Quand le soleil commence à se cacher derrière une montagne, je sors vite l’appareil photo. Je sais que j’ai environ 5 minutes pour «snapper» mes photos. Reste à voir si c’est aussi beau que prévu quand je les verrai sur un plus gros écran que celui de ma caméra.

En soirée, l’appel des pizzeria proches de la Bastille a raison de moi une nouvelle fois. Pour varier les plaisirs, j’en choisis une dont l’éclairage est un peu plus faible, ce qui donne une ambiance plus calme. Leur pizza au fromage bleu est bien bonne, quoi qu’ils en ont peut-être un peu trop mis… Pour le dessert, j’essaie le fromage blanc… un peu étrange. C’est un produit qui ne contient aucun sucre, ce qui donne un résultat étrange au dessert.

23 septembre

Cette fois, c’est la bonne. À 9h55, je suis dans un autobus qui m’amène dans les montagnes, plus précisément à la Tour-Sans-Venin, proche d’un sentier alpin. Je vise à monter à au moins 1168 mètres à St-Nizier-du-Moucherotte, là où je suis supposé profiter d’une excellente vue sur la région.

En débarquant, je sors ma carte, regarde le chemin à prendre et entre dans le sentier. Par bouts, la montée est plus difficile, ce qui est suivi par des parties un peu plus faciles. Faut marcher sur du gazon, de la terre, des sentiers plus rocheux… et après deux bonnes heures de travail, je suis rendu à 1170 mètres, avec un excellent panorama sur la région grenobloise. Sur mon chemin, j’ai profité de la vue sur les montagnes par temps à moitié ensoleillé. Les nuages bloquent un peu la vue lointaine mais ils créent une ambiance magique. Sur mon passage, je vois quelques fermes et leurs champs de vaches. Plusieurs me regardent passer mais aucune n’ose meugler en ma présence. Bande de peureuses.


Les nuages ne sont pas beaucoup plus hauts que moi ici !

Rendu à 1170 mètres, j’ai encore du temps pour aller un peu plus loin et revenir prendre l’autobus. Je monte donc encore, jusqu’à Combe de l’ours à 1275 mètres. Ne voulant pas manquer de temps pour revenir, je décide de rebrousser chemin. De toute façon, j’ai plus qu’atteint mon objectif aujourd’hui ! En plus, il fait assez froid. Faut rester physiquement actif pour ne pas geler après un certain effort pendant la montée.

En revenant sur mes pas, je remarque que les indications sont beaucoup moins bien placées pour le retour que la montée. Resultat: je finis par perdre le chemin du sentier. En tab… je décide de suivre la route plutôt que chercher le sentier. Après une quinzaine de minutes de marche, une voiture s’arrête à côté de moi. Le conducteur me demande si je veux qu’il me dépose quelque part. Je dis que je retourne à Grenoble, expliquant vite la situation. Il me propose de me laisser au départ d’une ligne de tramway. Très bien ! Le gars, qui habite en montagne, se rend en ville. Pour la quinzaine de minutes que dure le trajet, on a l’occasion de parler de la région. Il expose ses critiques sur Grenoble, disant que plusieurs fuient la ville vers la montagne car c’est plus charmeur. Je mitige en expliquant qu’il y a pire au Canada… Anyway, il est bien sympathique et me fait épargner bien du temps. Non seulement je n’ai pas à me rendre à l’arrêt d’autobus et à attendre le prochain départ… je prends le tramway et peux aller à l’auberge de jeunesse avant la fin de l’après-midi !

Une douche rapide s’impose en revenant à l’auberge. Alors que j’écris dans mon carnet de voyage, je vois que l’auberge sera bien pleine. Apparemment, un programme d’échange fait en sorte qu’une foule d’assistants et assistantes en anglais se retrouvent ici. Le staff de l’auberge se prépare déjà à dire qu’il fallait réserver pour être certain d’avoir une place ! Parmi ceux qui arrivent, une craquante Britannique ne manque pas d’attirer mon regard. Ben quoi… elle était vraiment C-R-A-Q-U-A-N-T-E.

24 septembre

Je suis bien paresseux aujourd’hui, pour la dernière journée à Grenoble. Je me lève, déjeune et pars vers le centre de la ville. Tout ce que je fais, c’est marcher dans les quartiers centraux, allant jeter un coup d’oeil dans les boutiques intéressantes au cas où je trouverais des souvenirs et cadeaux intéressants pour les amis, la famille et moi-même.

J’ai bien pris le temps d’arrêter prendre un café, histoire de lire et de relaxer. Aussi bien terminer ce voyage dans la tranquillité, car on recommence à travailler dans seulement cinq jours alors que le tsunami financier vient d’emporter Lehman Brothers. Rien ne me force donc à me stresser et à courir partout avant que ce ne soit officiellement le temps !

Après une journée plutôt tranquille, je décide que le souper se passera à l’Auberge du Rhin. C’est rare que je vais deux fois à la même place, mais j’ai fait exception. La tarte flambée et le vin alsacien sont à peu près irrésistibles, surtout quand on ne les à pas souvent à portée de main…

La suite: Fin de voyage à Paris

Michel Munger

I am an experienced communicator who worked in journalism for 15 years at La Presse, the TVA Group and Le Journal de Montréal. I spent a year at the United Nations in Germany and now am an internal communications editor at DHL. I founded the Bayern Central blog in 2011 and ran it for seven years. Cyclist, beer and coffee snob.