Bombardement sensoriel à Istanbul

3 septembre

Grosse journée en perspective, avec une météo encore très chaude. Lever passé 8:30 et déjeuner. Le soleil brille déjà fort sur la terrasse où l’on mange. Il faut porter ses lunettes de soleil, même dans la partie couverte.

Aujourd’hui, je me joins à une visite guidée qui sort de l’ordinaire. C’est le gérant de l’auberge qui la fait, avec un plan qui n’est pas contraignant. Il nous fera voir ce qui est méconnu d’Istanbul, comme la partie asiatique et les quartiers plus modernes. Là où les jeunes passent plus de temps et où les touristes sont moins présents.

On commence de façon robuste. On passe rapidement par le bazar pour monter sur le toit d’un édifice qui donne une superbe vue sur la ville, ses mosquées et le Bosphore. C’est l’heure des photos et des selfies. En plein soleil. Brillant.

Istanbul

Istanbul

Istanbul

En sortant de là, on flâne un peu dans le bazar aux épices – aucun achat pour l’instant dans mon cas – pour aller prendre le traversier vers la partie asiatique. Bonne occasion pour se taper un thé turc en attendant de passer d’une rive à l’autre.

Voici la vue à partir du traversier:

Rendus en Asie, nous découvrons ces nouveaux quartiers. Ils sont évidemment modernes et sans attrait touristique majeur. Par contre, ils permettent de faire une autre lecture d’Istanbul. Je vois peu de femmes portant le voile islamique ici, tandis que les gars sont habillés de façon un peu plus relax. Il est facile de voir que la jeunesse est libérale et peu adaptée à l’islamisation que veut faire, petit à petit, le gouvernement central.

En chemin, il y a une statue commémorant l’assassinat par les autorités d’un jeune de 15 ans, qui était allé acheter du pain lors des manifestations de l’an dernier.

statue Istanbul

Un autre signe des remous de 2013: des boules métalliques qui séparent la partie piétonnière d’une rue et la chaussée ont été peintes en plusieurs couleurs, contre la volonté gouvernementale de les garder grises et austères.

Istanbul
Remarquez les traces de gris, qui ne sont pas innocentes.

Sans voir quoi que ce soit de tendu ou violent, on sent une dose de ressentiment de la jeune génération envers les autorités. Un gars m’explique que le coeur d’Istanbul était jusqu’à récemment un point de ralliement pour toutes sortes de célébrations mais que la ville a mis fin à tout cela. La municipalité tient à ce que les touristes étrangers bénéficient de tout l’espace, qu’ils dépensent pendant leurs séjours et qu’ils partent. Cela engendre la création d’une Istanbul superficielle, du moins pour son centre historique.

Ne vous détrompez pas. La ville est superbe, mais elle pourrait être encore mieux.

Je vois beaucoup de petits marchés et magasins dans les nouveaux quartiers, là où les prix sont plus raisonnables mais la marchandise moins variée. Par contre, je ne suis pas encore prêt à faire des achats.

Nous nous arrêtons dans un resto pour le diner. La cuisine ottomane est spectaculaire et bien réalisée, avec toutes sortes de petits plats à base de viande et de légumes. À part le riz et la salade de haricots verts, je ne sais pas ce que je mange mais c’est excellent. Un peu cher comparativement à d’autres endroits, mais la qualité est exceptionnelle.

cuisine ottomane, Istanbul
La cuisine ottomane, sous plusieurs formes

On marche encore. Après un bout, nous arrêtons à un petit stand pour découvrir la crème glacée turque. Moins crémeuse et plus gélatineuse que d’autres. On mord dedans au lieu de lécher. C’est très réussi.

Au bout de notre marche, on se trouve sur le bord de l’eau avec de grosses roches où nous pouvons nous assoir. En prenant une bière achetée au dépanneur du coin. Bon moment pour socialiser un peu plus avec la gang qui se trouve dans la même auberge. Des gens généralement sympathiques, quoi que je ne voyagerais pas avec eux comme j’ai fait avec ceux rencontrés en Croatie l’an dernier.

Istanbul Bosphore Asian side
Une vue sur le Bosphore du côté asiatique

Retour en traversier avec une autre tasse de thé. C’est là que j’ai droit à la meilleure vue sur Istanbul à partir de l’eau.

Bosphore Istanbul Turkey
Pas pire…
Istanbul Turkey
Exotique

Je rentre en tram pour une bonne douche et quelques minutes à m’assoir pour reposer les pattes. Où aller souper ? Le petit resto de kebap le plus chaudement recommandé par Lonely Planet est dans un secteur où les boutiques et restos sont fermés dès le début de la soirée. Je pars donc à la recherche d’un autre endroit et le résultat dans l’assiette est un peu moins concluant. Les textures ne sont pas aussi bonnes que j’aurais voulu. Il y a clairement mieux ici.

Kebap Istanbul
L’apparence de la viande est meilleure que sa saveur

4 septembre

Ayant les mollets raides et ayant pris énormément de soleil hier, cette journée sera un peu différente. Moins de visites, plus d’ombre, dans les quartiers Taksim et Beyoglu.

Départ lent et déjeuner. Je prends bien mon temps pour me rendre vers la station de tramway proche du bazar aux épices. En fin de matinée, je tiens à prendre un café turc, une étape sautée hier pour favoriser la visite à pied. Je fais l’erreur de penser qu’un endroit recommandé pour acheter du café a une terrasse pour en déguster. Mais c’est un point de vente seulement. Dû à la file d’attente, il doit être bon et j’en ramènerai à Montréal, mais je veux une tasse liquide maintenant. Je marche autour du bazar pour trouver autre chose.

Après une bonne perte de temps, je trouve le café Dünyasi. Hallucinant ! Un café au goût corsé, à l’arôme de cacao, avec une texture crémeuse.

Dünyasi coffee Istanbul
Un délice

Et un baklava au passage…

Baklava Istanbul
Je les veux tous

Je prends ensuite le tram et le funiculaire vers Taksim, un quartier bourdonnant et plus moderne que la moyenne. C’est là que les manifestations de 2013 on eu lieu.

Taksim Istanbul

Quoi voir ici ? C’est surtout passant, avec bien des magasins. Pas aussi historique que j’aurais voulu. Je descends tranquillement vers la tour Galata et le quartier du même nom. C’est mieux. Le secteur est historique et ses rues sont plus étroites. C’est un peu plus touristique, mais tout de même plus charmant.

Istiklal Caddesi Istanbul
Très européen
Galata
La tour Galata

Avant de rentrer, je m’arrête pour le thé. Il faut bien s’adapter aux coutumes locales. Petit trajet de tram et je suis à l’auberge pour un petit répit, histoire de rattraper un certain manque de sommeil.

Je ressors souper. Ça me prend 30 minutes de marche, mais je trouve un bon endroit pour un döner au poulet dans le quartier étudiant. Il y a encore des touristes dans ce coin-là, mais ils prennent moins de place et les gens parlent davantage turc. Le serveur était d’ailleurs convaincu que j’étais moi-même turc.

Döner Istanbul
Plus authentique et savoureux

Un autre petit arrêt pour le thé avant de rentrer… on prend l’habitude.

5 septembre

Le menu du jour est plus léger. Visite du palais des sultans (Topkapi) et du musée Aya Sofia.

Routine habituelle avant de faire un arrêt au café Dünyasi, pour lequel je suis vendu. Le service est un peu moche dans une succursale différente de cette chaîne, mais le café est très bon à déguster sur une terrasse loin de la cohue des rues les plus achalandées.

Je veux passer par la mosquée Suleymaniye avant de faire le reste, mais c’est tout à fait impossible. La police anti-émeute est fortement présente. Je vois des caméras de télé proche de la mosquée et des voitures de luxe. Il est clair qu’une personne très connue débarquera bientôt. Je demande qui est en ville et un policier me dit, dans un anglais impeccable, “I do not speak English”. Ben oui… tu ne veux juste pas parler.

Je repars vers Aya Sofia à la place. Une fois le billet acheté, je découvre cette ancienne église qui a été convertie en mosquée, pour ensuite être convertie en musée. Son design est beaucoup moins simpliste que ce à quoi je suis habitué. Luxueux, même.

Aya Sofia

Aya Sofia

Aya Sofia
Superbe intérieur
Aya Sofia
Richesse

La prochaine étape est le palais, qui est vaste et impressionnant. C’est là que les sultans habitaient avec leur cour, leur personnel et leur harem. Un grand jardin, des pièces aménagées avec goût pour de multiples usages comme les entrevues, le travail et la relaxation. Je visite aussi le trésor, qui compte des objets de valeur rapportés des campagnes turques au Moyen-Orient.

Topkapi Istanbul
Une entrée imposante
Topkapi Istanbul
Le luxe

Topkapi Istanbul

Topkapi Istanbul
Espace et sérénité
Topkapi Istanbul
Confort
Topkapi Istanbul
Jardin relaxant
Topkapi Istanbul
Une bonne vue vers le Bosphore
Topkapi Istanbul
Impérial

Topkapi Istanbul

En sortant de là, je ne trouve pas d’endroit peu touristique pour prendre le thé. Je rentre alors en pensant aller souper dans un resto spécialisé dans les pide, soit les pizzas à la manière turque. Mon plan change lorsque des gens que je connais à l’auberge m’invitent à me joindre à eux. Ils ont pris une réservation dans un resto situé sur la terrasse d’un édifice. La bouffe sera un peu plus chère que la moyenne, mais j’ai l’occasion de me taper une truite grillée extrêmement fraîche, avec des olives, du pain et de l’huile d’olives. Pas mal du tout.

On rentre à l’auberge pour avoir droit à une toute autre expérience. Le gérant a fait venir une danseuse du ventre pour que les Occidentaux que nous sommes voient ça au moins une fois dans leur vie. On a droit à 15 minutes d’un spectacle ayant pas mal plus de classe que d’autres… si vous voyez ce que je veux dire.

En fin de soirée, j’essaie enfin le raki, l’une des boissons les plus connues de la Turquie. Pour ceux qui connaissent l’ouzo grec et le pastis français, c’est vraiment la même chose. J’imagine que chacun en revendique la paternité.

6 septembre

Une autre journée sous le signe de la lenteur et de la chaleur écrasante d’Istanbul. Routine habituelle avant d’aller à la mosquée Suleymaniye. Cette fois, c’est la bonne. Je visite un édifice plus élégant et moins bondé que la mosquée bleue. Des explications en anglais font une distinction claire entre le caractère pacifique de l’Islam et les régimes durs des islamistes. Selon ce que je lis, la religion reconnaît les prophètes Abraham et Jésus, estimant que les musulmans prient le même Dieu que les chrétiens. Tout en dénonçant ceux qui font usage de la violence au nom de la divinité.

Suleymaniye mosque Istanbul

Suleymaniye Mosque Instanbul
Plutôt serein
Suleymaniye mosque Istanbul
Un plafond que j’aimerais bien avoir

Sur le chemin du retour, je décide de boucher un coin en passant par une petite shop à döner qui était fermée l’autre jour. Un franc succès. Le döner est savoureux et tendre, sans être trop gras. De la qualité provenant d’un endroit qui est essentiellement un comptoir de quelques pieds carrés, avec deux cuisiniers.

Retour rapide à l’auberge et je veux me taper une tasse de thé. Le gérant me recommande un salon situé à quelques minutes à pied. Parfait. Rendu sur place, je m’aperçois que je suis le seul touriste parmi les clients, profitant d’une atmosphère plus authentique. Le mobilier est très confortable, les tables étant couvertes de nappes rouges.

Shisha tea Istanbul

Je vois les shisha et je décide de tenter l’expérience. Verdict ? C’est très doux, pas irritant du tout. On ne perçoit que les saveurs de pomme et menthe, sans arrière-goût ou mauvaise odeur. Je ne peux toutefois pas concevoir de consommer cela à la maison. C’est encore plus de travail à préparer que du café turc. Mais il fallait l’essayer.

tea shisha Istanbul

tea shisha Istanbul

Quoi manger en fin de soirée ? Une pide dont je parlais auparavant. Je sors du centre de la ville pour essayer un resto recommandé par Lonely Planet. Ce type de pizza (viande rouge fumée dans ce cas-ci) est très savoureux, mais c’est un peu gras. Trop pour moi, en tout cas.

Pide

Le lendemain sera consacré à mon départ d’Istanbul vers Ankara. Il y a peu à voir dans la capitale, mais elle sert de point de départ pour visiter des destinations ailleurs au pays. Je veux voir de petites villes sur le bord de la mer Noire et les beautés naturelles de Cappadoce.

Michel Munger

I am an experienced communicator who worked in journalism for 15 years at La Presse, the TVA Group and Le Journal de Montréal. I spent a year at the United Nations in Germany and now am an internal communications editor at DHL. I founded the Bayern Central blog in 2011 and ran it for seven years. Cyclist, beer and coffee snob.