Gaziantep, royaume de la mosaïque et du Baklava

15 septembre

Après un trajet d’autobus de six heures d’enfer – le gars qui fait le service n’a clairement pas pris sa douche et un bébé crie la moitié du temps – je suis à Gaziantep, que les locaux surnomment simplement Antep. C’est à plus ou moins deux heures de la Syrie.

J’arrive à un gigantesque terminal d’autobus et il fait sombre. Un petit orage est en train de balayer les lieux. Personne ne parle anglais et qu’il n’y a aucune indication pour les rares touristes ici. Je dois redoubler d’efforts pour trouver le bon autobus, qui fait le lien entre cette gare distante et le centre de la ville.

Je suis quelque peu chanceux. Un chauffeur voit clairement ce que je veux faire, même s’il ne comprend pas les mots. Avant d’embarquer, la première chose que je vois est une camionnette qui smashe le côté d’un autre véhicule. Elle arrache son miroir au passage. Bienvenue à Antep, où les gens conduisent aussi mal et avec autant d’agressivité qu’à Sarajevo ! On dit que les Turcs conduisent mal, mais ce n’est pas vrai partout. Les Istanbulus vont passer proche de vous, mais lentement et sans contact.

C’est tout un spectacle d’entrer dans la ville. Le petit autobus passe par un quartier dense et pauvre. Le conducteur klaxonne partout au passage pour inciter les autres à ne pas perdre de temps. Antep a des choses à offrir, mais c’est plus moyen-oriental, plus conservateur et plus pauvre.

Rue Gaziantep
Pas trop touristique

J’ai voulu être ici, alors je vais me débrouiller pour visiter. Je ne trouve pas le bureau de tourisme, mais je m’en fous. J’ai Lonely Planet et mon iPhone a accès à Internet. Le voyage avec les méthodes de 2014.

Il n’y a pas d’auberge liée à Hostelworld non plus. Lonely Planet recommande des hôtels mais ils sont pleins. Le dernier que j’essaie a une petite chambre pour moi. Je paie trois fois le prix de mes auberges, mais peu importe. J’ai un grand lit et la paix pour deux nuits.

Les petits irritants de la journée sont rapidement effacés au souper. Je me rends à un resto spécialisé dans les kebaps, et il sort de l’ordinaire. J’ai lu qu’Antep est épicurienne et j’en réalise l’importance. Un gars qui sert la main et dit bienvenue. Un autre qui tire la chaise. Un autre amène le menu. Le premier revient prendre la commande. Une jeune femme amène le thé. Une superbe salade de concombres, tomates et oignons est servie. Le kebap d’agneau épicé, avec du pain et une sauce au yogourt, est succulent. Le tout pour une dizaine de dollars. Wow. Mais il y a trop de bouffe et je suis vraiment plein. Je laisse tomber le plan de terminer avec un baklava, qui est LA spécialité locale.

Gaziantep kebap
Les accompagnements…
Kebap Gaziantep
Le plat principal

Il est impossible de faire quoi que ce soit d’autre que de dormir vers 22h, une fois revenu à ma chambre. Le souper assomme.

16 septembre

Déjeuner typique inclu avec la chambre. Je peux ensuite sortir pour quelques visites. Entendons nous pour dire qu’Antep n’est pas une destination touristique, mais il y a deux attractions que je veux voir.

Tout d’abord, un arrêt pour un superbe café turc à Tahmis Kahvesi, un établissement reconnu. Le café est d’excellente qualité, le décor et la musique d’orient me plaisent.

Tahmis Kavhesi
Beau décor
Tahmis Kavhesi
Ils ont leurs tasses personnalisées

Une autre parenthèse avant de commencer: cette ville est vraiment conservatrice. J’attire l’attention parce que je suis l’un des rares qui portent des shorts. Désolé, mais je ne peux pas porter le pantalon à 32 degrés.

Premier arrêt: le musée de mosaïques. Il regroupe une foule de mosaïques de la ville ancienne de Zeugma. Zeus, Poséidon, Éros, Europe et autres. La visite d’une heure et demie vaut le trajet vers Antep. Les mosaïques sont tellement détaillées et, dans certains cas, bien restaurées. L’art ancien est imbattable et j’adore.

Musée mosaïques Gaziantep

Gaziantep mosaic museum
L’histoire d’un couple qui n’est jamais vraiment réuni
Gipsy Girl mosaic Gaziantep
La Gipsy Girl, plus importante mosaïque de ce musée. Son identité n’est pas clairement connue.
Mosaic Museum Gaziantep Zeus
L’enlèvement d’Europe par Zeus, posant comme un taureau docile qui part à courir avec elle sur son dos.

Avant la deuxième visite, je trouve une petite shop à baklava pour déguster la spécialité locale aux pistaches. Divin. La texture est moelleuse et ce n’est pas trop sucré.

Deuxième arrêt: la citadelle. C’est pas mal plus simple comme apparence que d’autres, mais j’aime bien. Dommage qu’elle soit fermée pour des travaux de restauration. J’imagine que la vue sur la ville est superbe.

Gaziantep citadel

Gaziantep Citadel

J’ai au moins réussi à prendre quelques photos avant cela, à partir du musée. Antep a été fondée sur un territoire sinueux et escarpé. Ça donne un panorama avec relief.

Gaziantep
Différent de New York et Istanbul, hein ?

Gaziantep

Il est seulement 16h et je peux déjà rentrer. Douche rapide, un peu de flânage et je veux sortir souper. Je fais tout rapidement, car je veux profiter de la télé dans ma chambre. Des matchs de la Ligue des champions ont lieu en soirée.

Je choisis un autre resto pour un kebap. Cette fois-ci, il est servi dans un bol. Viande, aubergines et yogourt. Une belle variation de ce plat, accompagné d’une salade d’oignons d’excellente qualité. Les saveurs sont intenses. C’est fait pour des papilles gustatives d’adulte. Le dessert est l’assiette mixte de baklavas. Trois variétés qui correspondent bien à la description de ce que j’ai essayé plus tôt dans la journée.

Kebap
Kebap au yogourt
baklava Gaziantep
Miam

Au retour, je trouve de la bière ainsi que de la glace pour la garder froide. Je peux écouter mon foot dans les règles de l’art. Je ne peux malheureusement voir que le match de Galatasaray, la principale équipe d’Instanbul, contre une équipe belge. Peu importe. Je veux seulement ma dose de Ligue des champions.

17 septembre

Ce sera une journée au ralenti. Au programme: flânage dans la ville et vol vers Istanbul en soirée. J’y passerai deux nuits avant de reprendre l’avion vers Montréal.

Déjeuner et je sors pour le même café qu’hier. Je peux prendre mon temps en absorbant ma caféine et en lisant. Je marche quelque peu pour visiter une maison de thé hautement recommandée, Tütün Hani. Le thé n’est pas cher et 40 saveurs de shisha sont offertes. C’est la deuxième fois que j’essaie la shisha et probablement la dernière.

Je choisis le mélange “spécial” super fruité. C’est certain qu’il y a pomme et peut-être cerise là-dedans. Et quel décor ! Tables basses sur un tapis, avec coussins pour s’asseoir. Les autres clients sont des touristes turcs.

Tütün Hani
Exactement comme les cafés visités à Sarajevo

Tütün Hani

Un bon deux heures de flânage et de rédaction de mes notes de voyage. Ça fait bohème, mais les vacances existent pour ça.

Le reste de la journée n’est pas compliqué. Je prends la navette vers l’aéroport pour le vol vers Istanbul. Avec un bon trajet de tram pour me rendre à l’endroit où je vais dormir.

18 septembre

Comme le veut ma tradition personnelle, je passe la dernière journée avant mon vol dans la ville où tout a commencé.

Après la routine matinale, je passe par le café Dünyasi pour renouer avec son café turc. C’est probablement la dernière fois, car je n’aurai simplement pas le temps de m’asseoir et de siroter un café tranquillement demain.

Ma priorité pour le reste de la journée est de magasiner au bazar aux épices. La liste d’achats est plus longue que d’habitude. Beaucoup de Turcs m’ont dit qu’ils n’aiment pas leur pays, mais j’aime plusieurs de leurs spécialités. Je veux ramener des saveurs chez moi.

Je fais main basse sur un kilo de café, un kilo de thé, un demi-kilo d’épice chili, des verres à thé et des tasses à café. Et un tout petit gramme de safran iranien, parce que c’est assez cher. Et j’ai déjà ce qu’il faut pour faire le café turc.

Le reste de la journée n’a rien de spécial. Surtout qu’il pleut à boire debout. La météo a toutefois été accommodante parce qu’elle a minimisé le nombre de personnes au bazar.

Un souper sans prétention et je peux rentrer pour mettre de l’ordre dans mes affaires.

Ce voyage a été une autre expérience réussie. La Turquie a été à la hauteur des attentes. Un pays fascinant à découvrir et qui aurait pu m’en montrer encore plus si j’avais eu quelques semaines de plus à lui consacrer.

Merci à ceux qui ont pris le temps de lire ces mots.

Michel Munger

I am an experienced communicator who worked in journalism for 15 years at La Presse, the TVA Group and Le Journal de Montréal. I spent a year at the United Nations in Germany and now am an internal communications editor at DHL. I founded the Bayern Central blog in 2011 and ran it for seven years. Cyclist, beer and coffee snob.