Redécouvrir la politesse à l’européenne

La vie en Europe vient avec ses différences et subtilités. La politesse (ou la courtoisie) en est une qui nécessite une petite adaptation.

“Hallo”, “morning”, “bonjour”. Non seulement les salutations sont-elles systématiques au travail, mais il n’est pas rare que des inconnus croisés dans mon quartier me saluent, même s’ils me voient pour la première fois.

Même chose avec des enfants croisés dans ma rue, qui viennent se présenter et me demander qui je suis parce qu’ils ne m’ont jamais vu avant. Dans un commerce, il est courant d’entendre “merci, bonne journée et au revoir” en succession. On est loin des caissières qui ne disent rien ailleurs…

Le voisinage est suffisamment bon que lorsque DHL a un colis pour vous, il le laisse à vos voisins en votre absence et ceux-ci vous le donnent toujours.

Les Montréalais ne poussent pas la politesse au quotidien jusqu’à ce point. Les premiers jours, on hésite quelque peu à réagir. J’ai l’habitude de me méfier des politesses parce qu’en dehors des amis proches, elles sont souvent superficielles. À ma grande surprise, elles sont plutôt naturelles ici.

Les Allemands ont une toute autre approche. Si vous leur demandez comment ils vont, leur réaction est de vous raconter leur journée. Ne leur demandez pas comment ça va si vous ne voulez pas entendre le récit.

L’interaction en public est ainsi différente. J’ai cessé de m’étonner de voir les gens se parler dans le métro et l’autobus, soit parce qu’ils vivent dans les mêmes environs et se croisent souvent… ou parce que quelque chose qui est arrivé a suscité la conversation. À Montréal, le silence est assourdissant entre ceux qui ne sont pas familiers.

Mon allemand n’est toutefois pas assez évolué pour que je soutienne une conversation avec les gens. Je m’habitue avant tout à rendre la politesse de façon spontanée.

Le même raisonnement s’applique lorsque vous êtes en Allemagne et que vous avez affaire à un commerçant ou un représentant de service à la clientèle. Même si une situation donnée peut être frustrante, il ne faut pas sacrifier les bonnes manières. La seule fois que j’ai délibérément omis les salutations ici, le commerçant m’a répété les siennes jusqu’à ce que je sois trop loin pour entendre…

 

Côté transport, j’apprécie énormément la plus grande courtoisie des Allemands car je suis en bien plus grande sécurité qu’à Montréal. Si je suis à pied, les automobilistes n’empiètent pas sur l’espace qui m’est réservé. Ils s’arrêtent et me donnent priorité lorsque je traverse au coin de rue.

Même chose lorsque l’on est cycliste. En plus des voies réservées et des règles qui favorisent la circulation des vélos, même à contre-sens dans un sens unique (!), on vous laisse circuler en zone piétonne si vous n’allez pas trop vite. Dans la rue, les automobilistes ne vous coupent pas sauvagement parce qu’ils ne se considèrent pas comme prioritaires. Je peux me faire respecter sans causer de friction. Si quelqu’un occupe la piste cyclable alors que j’approche, un simple petit coup de clochette et il ou elle cède le passage.

Parfois, le confort que les gens ont en public va un peu loin.

J’habite seul ici et mes cercles sociaux sont beaucoup plus restreints. Un ami habite à Bonn, une autre m’a été présentée par contact. Ensuite, je connais mes collègues de travail et le proprio de mon logement. Il est attendu que la plupart des sorties pour prendre une bière ou aller au resto se font seul.

Qu’arrive-t-il si vous êtes seul à une table dans un endroit bondé ? Ceux qui se cherchent une place vont vous demander s’ils peuvent partager la vôtre.

Si la dernière situation est un peu malaisante, je ne me plaindrai pas. J’ai passé 18 ans à pester contre les mauvaises manières dans la ville où j’habitais…

Michel Munger

I am an experienced communicator who worked in journalism for 15 years at La Presse, the TVA Group and Le Journal de Montréal. I spent a year at the United Nations in Germany and now am an internal communications editor at DHL. I founded the Bayern Central blog in 2011 and ran it for seven years. Cyclist, beer and coffee snob.