La carte Opus: un pas vers la modernité

Quelle fût ma surprise, tôt ce matin, en entrant dans la station de métro Jean-Talon pour aller au travail. Je demande au changeur de me vendre la carte mensuelle et il me met sous le nez la carte Opus, qui peut contenir les titres de transport de la Société de transport de Montréal.

Encore à peine éveillé, je sursaute, brandis la carte et la lève triomphalement vers le ciel, réalisant qu’enfin, le métro de Montréal fait un pas vers la modernité ! Bon, ok, c’était un peu moins spectaculaire que ça. Un peu surpris, je dis «oui oui, je veux la carte à puce». Enfin, on peut recharger une carte résistante au lieu d’utiliser une carte à bande magnétique facile à endommager et à perdre. Et, difficile à croire, les guichets automatisés permettent de sortir de l’âge de pierre en utilisant Interac pour régler l’achat.

En gros, Montréal a maintenant une technologie très semblable à celle du métro de Londres en ce qui concerne la gestion des titres de transport. Ayant utilisé le Tube londonien en 2006, je connais son efficacité. On passe la carte près d’une plaque et hop! le tourniquet nous permet de passer. Le changeur me souligne qu’on peut insérer la carte dans son portefeuille. Traduction: en ne la laissant pas traîner ailleurs, ça prend plus de talent pour l’oublier ou la perdre.

Cette anecdote me rappelle toutefois que la transition vers un système plus intelligent pour gérer les passages est loin de se faire parfaitement. Elle illustre aussi à quel point notre service de transport public a des croûtes à manger si Montréal veut faire partie des grandes ligues.

Le premier point qui me vient à l’esprit, c’est la longue transition. On nous claironnait que la nouvelle technologie allait arriver au printemps. Eh bien, on ne nous avait pas dit que c’était une coexistence de deux systèmes qui nous attendait. Seulement une partie des tourniquets a été convertie au nouveau système, ce qui a créé de la confusion pour bien des utilisateurs qui se demandaient par où passer. La réduction des tourniquets anciens a causé des délais lors des heures de pointes, car ce sont les utilisateurs les plus nombreux qui ont vu leurs points d’accès réduits !

Évidemment, les changeurs ont eu à expliquer à bien des gens quels titres de transport acheter pour quel système, ce qui a créé davantage de confusion.

Bref, on a fait compliqué quand on pouvait faire simple. On aurait pu tout changer d’un seul coup et les utilisateurs du métro auraient dû se conformer dès la première semaine. C’est tout. La STM devrait vraiment nous traiter comme des adultes et non nous prendre par la main au beau milieu de la circulation.

Parlant d’adultes… si la STM avait sérieusement voulu faciliter la vie à tous, elle aurait adopté un tout autre modèle.

Prenez les métros de Munich et Berlin, en Allemagne. Aucune barrière. Pas de tourniquets. Les entrées des stations de métro et de train sont complètement libres. En échange, des inspecteurs en civil font des vérifications au hasard et imposent une amende salée à ceux ne détenant pas un titre de transport valide.

J’imagine que l’idée en dérange quelques-uns. Cependant, où est le problème si vous avez payé votre passage en toute honnêteté ? Quand vous perdrez votre temps aux tourniquets, à voir que les gens vous bloquent l’entrée en cherchant leur carte ou sortent par le tourniquet où vous voulez passer, imaginez Munich ou Berlin. L’entrée ouverte facilite la circulation au lieu de vous embouteiller ! Si ça ne vous inspire pas, imaginez l’occasion d’utiliser un guichet automatisé pour recharger la carte au lieu d’attendre après un changeur qui se fiche bien de l’empressement des utilisateurs quand la file s’allonge le premier jour du mois.

C’est «le fun» de ne pas perdre son temps. Mais j’imagine que c’est réservé à d’autres cultures que la nôtre…

Michel Munger

I am an experienced communicator who worked in journalism for 15 years at La Presse, the TVA Group and Le Journal de Montréal. I spent a year at the United Nations in Germany and now am an internal communications editor at DHL. I founded the Bayern Central blog in 2011 and ran it for seven years. Cyclist, beer and coffee snob.