Au pied de la tour Eiffel

9-12 septembre 2008 – Je voulais partir très tôt pour visiter la tour Eiffel mais mon plan n’a pas fonctionné, par pure paresse. Je me lève à 8h. Déjeuner, départ à pied par les grands boulevards. On ramasse un espresso et prend la route vers le Palais Royal, négligé hier. C’est une bonne idée d’y aller.

L’édifice est splendide et la cour intérieure est remarquable. Le design, en plus raffiné, fait penser au nouveau mémorial de l’Holocauste de Berlin. Les gens peuvent monter sur les petites poutres blanches tant qu’ils veulent, et visuellement, c’est réussi. Le jeu du soleil et de l’ombre devrait rendre les photos très attrayantes. Le jardin adjacent est très beau, quoi que moins impressionnant que celui des Tuileries.

Voyant la tour Eiffel de loin, je décide d’y aller. Mais je prends un chemin plus long et moins touristique que les autres. Je marche dans les environs du 16e arrondissement, arrivant par la rue St-Dominique et le boulevard St-Germain. Presque par hasard, je passe devant le ministère des Affaires étrangères. Vers 13h, un peu avant d’arriver à la tour Eiffel, je trouve un endroit ou acheter un sandwich pour «pique niquer» proche du monument. J’arrive au pied de la tour. C’est vraiment impressionnant. Gigantesque. Difficile à photographier de proche. Il faut vraiment marcher loin, dans le Champ-de-Mars, pour avoir une vue d’ensemble.

À l’entrée du Champ-de-Mars, on voit aussi le mur de la Paix, une oeuvre récente qui doit déménager bientôt. En verre, très moderne, avec des écritures dans une foule de langues, ce mur laisse une belle impression. Traversant le Champ-de-Mars une nouvelle fois, je passe sous la tour Eiffel et je me dirige vers le palais Chaillot. Sur une carte, il a l’air incroyable. En personne, il n’est rien d’autre que gros, sans trop de détails. Dommage. Mais la vue qu’on y a de la tour Eiffel est intéressante. Encore une fois, on voit la circulation qui passe à quelques mètres de la tour. Ça doit être une idée française de design de faire passer les chars proche d’un des monuments historiques les plus connus du monde. Il reste que les meilleures photos de la tour devront être prises de soir. Le soleil ne sera pas du bon côté le matin.

À partir de ce point, je marche vers l’Arc de Triomphe. C’est là que le paradoxe mentionné plus haut atteint son paroxysme. On y voit le superbe arc de 50 mètres de haut, commandé par Napoléon lui-même. Tout autour, la circulation est abrutissante. Impossible de prendre une photo où l’on ne voit que l’arc et les visiteurs. Les chars passent autour et les conducteurs klaxonnent. Naturellement, la prochaine étape est d’aller vers les Champs-Elysées. Pour quiconque a déjà visité une grande capitale européenne, l’endroit se distingue à peine. De chaque côté, on y voit les magasins de grands designers et de marques très populaires. Les trottoirs sont larges, il y a des arbres, et l’inévitable circulation automobile au milieu. La seule grande différence avec d’autres «high streets» d”Europe est la présence du café-resto Fouquet’s, du principal magasin Louis Vuitton et de la boutique de montres Cartier. J’aurais pensé que c’était plus magique. Je suis bien entré dans quelques boutiques mais les produits de luxe me laissent un peu froid. La seule chose que je risque de revenir acheter, c’est un t-shirt Adidas qui dit Paris avec une tour Eiffel à la place du A. Ce serait plus original que la moyenne comme souvenir touristique.

J’irais bien voir le jardin qui ponctue l’avenue des Champs-Elysées et les Tuileries, mais mes jambes sont en compote. Je rentre plutôt en métro. Je dépose des affaires à l’auberge. Pour souper, je songe à me rendre dans le coin de la Bastille. Voulant me servir du conseil donné par une collègue, je tente de louer un vélo Velib pour faire le trajet sur deux roues plutôt que sur deux jambes. Mais la borne ne prend pas ma carte de crédit. Merde. Me demandant si ma carte est bloquée, je pars à pied vers la Bastille et je passe par un guichet. Ça refuse de me laisser faire un retrait. Double merde. J’ai pourtant téléphoné pour avertir la banque que j’étais en France ! Anyway.

J’arrive à destination mais le resto où je voulais aller ressemble plus à un fast food qu’à un vrai resto. Dommage, mais je veux mieux. Ça tombe bien car la petite rue où je me trouve est très fréquentée et pleine de restos intéressants. Je trouve un endroit de type espagnol. Je me commande des tapas avec du vin. C’est drôle, le vin coûte aussi cher que les tapas ici. On sait sur quoi ils font des profits… Je décide de tester la carte de crédit pour payer et ça marche. Étrange, jusqu’à ce qu’on m’explique plus tard que les guichets automatiques fonctionnent avec la carte à puce et non la bande magnétique. Faudra payer presque tout avec le crédit pour éviter les retraits.

10 septembre

Après le rituel du début de journée, je décide d’y aller un peu moins fort aujourd’hui, histoire de laisser les jambes récupérer. Un peu de flânage, café, petit tour au café Internet, pas de quoi écrire un roman. Mais ça fait du bien et ça me rappelle que je suis en vacances. Je passe l’après-midi à faire du lèche-vitrine dans le coin des Galeries Lafayette. C’est très riche, avec des magasins de grandes marques. J’ai bien aimé les Galeries Lafayette car ce n’est pas seulement pour femmes. Il y a un édifice complet réservé aux hommes. Évidemment, la partie principale est celle des femmes et c’est une vraie oeuvre d’art. Un véritable intérieur d’opéra avec des sections aménagées pour faire le commerce. Spectaculaire. Personnellement, je fais un arrêt dans la partie «souvenirs de Paris» pour acheter quelques… souvenirs. Leurs articles et cartes postales sont offerts à des prix compétitifs. Je peux donc me vanter d’avoir fait un peu de shopping aux Galeries Lafayette, sans me ruiner !

Après cela, je repars vers les Champs-Elysées. Je croyais que la partie verte était plaisante mais elle apporte à peine plus que la partie commerciale. Tant pis. Je repasse par les commerces car je veux revoir la boutique Nespresso. Ça fait un bon bout de temps que j’entends parler de cette fameuse cafetière et de son café, sans pouvoir y goûter. La, je me présente au bar et je commande un Ristretto, leur espresso le plus fort. Pour 4 euros (!) on me prépare la petite tasse de café corsé. Très savoureux. Quelqu’un qui achète cette cafetière et les capsules de café pour remplacer sa consommation achetée au bistro a de quoi économiser, sans sacrifier la qualité. Faut juste pas boire sa tasse aux Champs-Elysées… à ce prix, j’ai gratté la crème dans la tasse pour en tirer le peu de saveur restant.

Enfin, mon guide de voyage m’a donné une recommandation de restaurant que je peux vraiment essayer. Recommandant de se rendre assez proche de la tour Eiffel, il recommande le Café du Marché, dans une rue animée au sein d’un quartier qui l’est un peu moins. Ce petit resto n’est pas cher, les plats sont bien simples (genre poulet rôti avec des pommes de terre en purée et une salade) mais généreux. Le vin de table est bon et le service prend la forme d’une élégante blonde. Bref, tout va bien.


Le Café du marché

En fin de soirée, j’assiste à tout un spectacle. Je pars vers la tour Eiffel pour voir le monument la nuit. Dès que je pose le pied sur le Champ-de-Mars, je vois la tour illuminée de bleu car la France occupe la présidence tournante de l’Union européenne. Je suis hypnotisé comme ça m’arrive rarement. Tout ce qu’on peut faire sur place, c’est regarder, regarder et regarder. S’asseoir sur la pelouse du Champ-de-Mars et contempler le monument le plus connu du monde. Se laisser impressionner. On entend toujours parler de la tour Eiffel comme le symbole de Paris, mais la voir illuminée de bleu, c’est simplement magique. Ça dure seulement six mois et j’y suis ! C’est là que Paris réussit à me conquérir. J’ai vu bien de beaux endroits en Europe depuis cinq ans, donc je suis plus difficile à impressionner. J’ai gagné mon pari en venant ici car seul le pont Charles a eu le même effet…

Avant de rentrer, je vais voir de l’autre côté de la tour, à partir de Trocadero. Je vois les vendeurs de babioles achaler le monde, ce qui me tombe royalement sur les nerfs. À un moment donné, deux jeunes femmes disent à l’un de ces gars de les laisser tranquille, ça fait 15 minutes qu’il les dérange. Je leur dis que tant qu’elles lui parleront, il restera dans leur face. Elle cessent de lui parler, tournent brièvement leur attention vers moi et il fout le camp. Deux autres clientes satisfaites. Après cela, il est déjà passé minuit. J’ai eu du fun mais je rentre. Faut bien dormir.

11 septembre

Le début de cette journée se déroule de façon négative. Je demande à prolonger mon séjour à l’auberge du 13 au 19 septembre pour terminer mes deux semaines. On m’avait dit d’attendre à aujourd’hui avant de faire cette demande. Maintenant, le gars de la réception me dit que je dois changer de chambre TROIS fois pendant le reste du séjour si je reste. Je lui montre que les Montréalais ont autant d’attitude que les Parisiens: je tourne les talons et sors sans reparler. Le gars demande pourquoi je ne le remercie pas de m’informer. Quoi, je dois dire merci quand on propose de me traiter comme du bétail ? Hello. C’est pas compliqué. Je sors, trouve le premier café Internet disponible et prends un poste. Je réserve à une autre auberge parisienne, baptisée Le d’Artagnan, où j’ai brièvement séjourné en 2004. J’annule la réservation prise à l’«auberge du bétail» pour la veille de mon vol de retour, pour la remplacer par une au d’Artagnan. On me niaise pas sans perdre de revenus.

Après les emmerdements, je décide de faire des visites ! Je passe par la station de métro Odeon pour aller au jardin du Luxembourg. C’est un célèbre jardin parisien qui comprend le palais du Luxembourg. Ce qui vaut le détour ici, c’est le jardin. Joli par temps ensoleillé, c’est l’endroit parfait pour relaxer ou manger son lunch le midi. Je profite de l’atmosphère pour préparer des cartes postales pour famille et amis.

Peu après, je pars vers St-Germain des Prés, pour visiter le coin intello du 6e arrondissement. Des gens comme Sartre et Vian y ont sévi. Les cafés connus sont Les Deux Magots et le Café de Flore. Intéressant. Trop cher pour y prendre un verre en raison de la renommée de l’endroit, mais ça vaut un coup d’oeil. Les ruelles, la place St-Sulpice et l’église St-Germain des Prés ne sont pas à dédaigner non plus !

La prochaine étape, c’est d’aller aux Invalides. Cet établissement a une double mission. C’est un hôpital militaire et l’endroit qui abrite le musée de l’Armée ainsi que le tombeau de Napoléon. Bel édifice, beau jardin, belle esplanade. Quand je veux entrer dans le bâtiment principal, je vois vite qu’on me demande 8 euros, un billet qui donne accès à tout. Voulant voir seulement le tombeau de Napoléon, je décide de laisser tomber. 8 euros pour un seul attrait que l’on regardera pendant moins de cinq minutes, c’est trop. Oui, je suis un client difficile qui ne paie pas seulement en disant «je ne suis là qu’une fois». Je vais ensuite au pont Alexandre III… dédié à Alexandre III. Si vous ne le connaissez pas, je vous recommande une recherche sur Wikipedia pour en apprendre un peu. Comme indice, ça a quelque chose à voir avec l’amitié franco-russe. C’est vraiment superbe. Avec son design unique qui requiert du métal doré pour les parties les plus «dessinées», le pont ne laisse pas indifférent.


Pont Alexandre III

Après cela, je retourne vers l’Arc de Triomphe pour le voir de plu près. Je n’ai pas encore pris le temps de voir la flamme du souvenir et le tombeau du soldat inconnu. Mais quand j’arrive, je vois qu’on demande 8 euros pour si peu. Désolé. Pour le souper, je décide de retourner vers les Grands Boulevards. Il y a beaucoup de cafés et de restos qui ont de la bonne bouffe. Je choisis le Victoria Station, un petit resto à la thématique ferroviaire. En forme de voiture-restaurant, l’endroit est sympa et probablement un peu kitsch. Peu importe. La pizza aux anchois est excellente et le serveur me recommande un vin de table vraiment pas cher étant donné sa qualité. C’est honnête et un bon accord au niveau du goût. Presque par hasard en marchant vers l’auberge, je tombe sur un pub à la thématique polonaise qui sert de la bière Paulaner, une grande bière munichoise en fût. Par nostalgie, je m’y arrête pour une pinte à 5 euros, ce qui est moins cher qu’ailleurs. La plupart des cafés et pubs vendent la bière à environ 7 euros pour une simple pinte. Scandaleux !

12 septembre

Après la routine matinale, je prends la route pour aller au 4e arrondissement. Un peu à l’ouest de la place de la Bastille, le 4e est rempli d’endroits intéressants. On y trouve le Marais, l’hôtel de Ville, Notre-Dame-de-Paris et plusieurs autres attraits. En sortant de la station Chemin Vert, je tombe FINALEMENT sur des boutiques de photographie. On dirait qu’il n’y a, à aucun autre endroit à Paris, des boutiques spécialisées dans l’équipement photo. J’y achète un linge de nettoyage pour ma lentille et y apprend qu’un trépied pratique en voyage est hors de prix pour l’instant. Oh well.

Je commence la journée de visites à la Place des Vosges. Ce jardin entouré de pavillons est splendide. Bel endroit pour relaxer et prendre des photos. J’aime bien. Je marche ensuite à travers le marché St-Paul, ou j’y achète le lunch que je prendrai un peu plus tard. Il y a ici de bons petits comptoirs qui font des lunchs pour emporter, de la bouffe française. Aussi, St-Paul fait partie du Marais, ce quartier populaire où il fait bon vivre. Les rues sont belles et beaucoup de gens aiment y passer du temps. J’y reviendrai pour souper.

En après-midi, je veux bien visiter la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, mais je tombe sur la journée que le pape Benoit XVI a choisi pour sa visite ! Cordon de sécurité, pèlerins un peu trop heureux et une foule grandissante prennent presque toute la place. Je contourne, j’évite et je me faufile pour trouver un petit spot où prendre une photo de la cathédrale, pour ensuite sortir de là. Pour moi, Notre-Dame-de-Paris à maintenant deux significations: 1- Une oeuvre musicale québécoise morbide avec laquelle on nous a cassé les oreilles pendant des années 2- L’endroit que le pape visite juste quand il ne faut pas. Donc, doublement mauvais.

Pour ponctuer la journée, je vais voir trois choses. Le centre Georges-Pompidou, à l’architecture douteuse. L’hôtel de Ville, qui a une belle prestance. Aussi, je vais faire un tour à la boutique La Cave à Bulles. Le gars est spécialisé dans les bières artisanales françaises, vendues dans toutes sortes de formats. Intéressant ! Je lui dis que je suis amateur de pilsners et il me fait une foule de recommandations. Je m’achète deux petites bières, histoire de les essayer à l’auberge de jeunesse quand ça adonnera. Ici, on peut prendre une bière ou du vin sans les cacher. Tant qu’on ne cause pas de problèmes en public, évidemment…

Après un retour à l’auberge et une glorieuse brassée de lavage, je repars vers le Marais pour le souper. Je trouve le Jardin du Marais, un resto de type italien qui a une belle ambiance. La clientèle est un mix de Parisiens et de touristes. L’escalope de veau et le riz sont excellents et le vin italien est décent. Rien à redire. C’est tout pour l’instant ! Il reste encore à décider ce que je veux faire pendant la dernière semaine du voyage. J’ai pensé à Bruxelles mais les auberges de jeunesse y sont toutes prises. Berlin me tente. D’autres villes allemandes aussi. Peut-être certaines villes françaises. J’ai surtout le goût de l’Europe de l’Est, mais ça mérite plus qu’une semaine rapide en fin de voyage. Décisions, décisions.

La suite: Smash à Roland-Garros et tournée du Louvre

Michel Munger

I am an experienced communicator who worked in journalism for 15 years at La Presse, the TVA Group and Le Journal de Montréal. I spent a year at the United Nations in Germany and now am an internal communications editor at DHL. I founded the Bayern Central blog in 2011 and ran it for seven years. Cyclist, beer and coffee snob.