Le Bixi, c'est bien, mais bien trop peu

Depuis le début de l’été, le lancement du service public de location de vélo Bixi fait sensation à Montréal. Avec raison. Il était l’heure qu’une ville qui veut pousser ses citoyens à délaisser la voiture pour le vélo et le transport en commun agisse.

Par contre, c’est bien trop peu.

Dans l’immédiat, jettons un oeil sur le service lui-même, en le comparant au Vélib de Paris. Les stations montréalaises de Bixi sont encore bien peu étendues, comme le démontre cette carte. Il faudra en ajouter beaucoup si l’on veut rendre le mode de transport suffisamment flexible pour ceux qui n’habitent pas directement le coeur de la ville.

Aussi, il manque trop souvent de vélos dans les stations, de trop petite taille.

J’ai arrêté de compter le nombre de fois où je passais à côté d’une station Bixi pour constater que tous les vélos étaient partis. Pourtant, c’est quand un passant se dit spontanément «si je prenais le vélo ici…» que le service doit être disponible. J’ai aussi vu des collègues rager parce qu’ils sont arrivés en retard au travail parce qu’il était impossible de trouver une place disponible dans une station afin d’accrocher le vélo.

Les stations parisiennes de Vélib comptent bien souvent deux ou trois fois le nombre de vélos que l’on voit par station à Montréal. Il est temps de faire une mise à niveau ici.

L’exemple de Munich

La popularisation du vélo à Montréal ne dépend pas seulement du Bixi, par contre. Il y a une situation d’ensemble qui présente un bien plus gros obstacle à l’utilisation générale du moyen de transport à deux roues.

Je veux bien donner mon appui moral aux élus qui prônent le vélo, mais encore faudrait-il qu’ils prennent les moyens afin de rendre le tout plus sûr. Présentement, si je veux circuler à vélo, je dois me taper un parcours entouré de voitures qui roulent à ma gauche et de celles qui sont stationnées à ma droite. L’espace est souvent étroit. Le souci de sécurité est trop grand.

Depuis quelques années, la Ville a délimité des pistes cyclables sur certains boulevards, mais c’est bien trop peu. Devoir emprunter les mêmes routes pour rouler de façon sécuritaire, c’est très peu flexible.

La solution ? Regardons l’exemple brillant de Munich, en Allemagne. C’est très simple et surtout systématique. Toutes les rues munichoises où il y a moindrement un peu de trafic sont dotées une piste cyclable de chaque côté, entre la rue et le trottoir. Pratiquement partout. Et ce n’est pas une blague.

Ludwigstrasse, Munchen
Regardez bien la Ludwigstrasse, à Munich. Les deux lignes pointillées donnent une piste réservée aux cyclistes. Et c'est le cas partout.

À mon avis, c’est la seule façon de doubler le discours selon lequel nous devons utiliser le vélo de moyens pratiques en vue d’y arriver. Il est certes noble de souhaiter plus de transport à deux roues, mais encore faut-il rendre le tout attrayant au lieu de dangereux.

Le problème réside évidemment dans la volonté politique dans un monde nord-américain qui a toujours placé la voiture au premier rang des priorités. Les élus municipaux auraient à adapter une écrasante majorité des rues de Montréal afin d’arriver à un modèle comparable à celui des villes européennes telles que Munich. Et je doute fortement que cela se produise un jour.

Si la Ville est sérieuse dans ses efforts, toutefois, elle réalisera que l’idée s’impose.

Michel Munger

I am an experienced communicator who worked in journalism for 15 years at La Presse, the TVA Group and Le Journal de Montréal. I spent a year at the United Nations in Germany and now am an internal communications editor at DHL. I founded the Bayern Central blog in 2011 and ran it for seven years. Cyclist, beer and coffee snob.