Banska Stiavnica, 5 au 7 octobre 2010 – Méchante journée de déplacement. Je me lève vers 8h30, je fais mes bagages et je sors pour prendre le déjeuner.
Voulant répéter l’expérience d’hier, je fais une petite recherche pour trouver un Bagel & Coffee Story proche de mon emplacement. Comme il y en a un à 5 minutes de marche, je me mets en route. Je prends la même chose que la première fois car c’est trop bon. Un solide déjeuner aidera à faire les heures de train sans avoir faim.
Je ressors et me dirige à la gare de train. Le mien part dans le bout de 11h pour Banska Stiavnica. Ça n’a pas la renommée internationale de Prague mais le gars qui gère l’auberge d’Olomouc me l’a recommandé, me disant que je ne regretterais pas. C’est une ville médiévale qui a gardé son caractère d’origine. Elle a été fondée pour l’exploitation de mines d’argent.
Le trajet prend trop de temps car par manque d’indications, je manque la station où se trouve ma correspondance. Je dois rebrousser chemin et passer trois heures dans le bled de Hronska Dubrava. Rien à voir, la gare est vide quand aucun train n’est autour, et mettons que le resto n’a rien pour attirer les clients. Je lis pour tuer le temps.
En début de soirée, je me trouve finalement à destination. Je prends un taxi pour aller à l’auberge et sur la route, nous traversons une bonne partie de cette petite ville escarpée. Descendre sera facile mais remonter demandra un petit effort. Le premier coup d’oeil est toutefois mitigé car il pleut et fait assez froid. On va prier les dieux du soleil avant de dormir.
L’auberge, c’est une maison médiévale divisée en trois chambres, avec salles de bain, cuisine et salon. Je suis le seul client ce soir, ayant toute la place. C’est calme comme tout et la vue sur la ville est parfaite. J’ai l’hôtel de Ville et le vieux château devant moi quand je suis sur le balcon. Parfait.
Je sors pour le souper. Je veux quelque chose de simple, alors je choisis une des multiples pizzeria. Pizza mexicaine (sauce tomate, sauce épicée et fèves noires) et une bière feront l’affaire. Mais la bière de marque Steiger est vraiment fade. Tout un flop. Mais comme ça ne coûte presque rien, on termine l’assiette et on passe à autre chose.
Passablement amorti par une journée passée dans les trains et les gares, je rentre pour lecture et dodo. Le sommeil me remettra en condition d’explorer.
6 octobre
My God, ce qu’une longue nuit dans la quiétude fait du bien. Non seulement ai-je dormi mais en plus, c’est du pur soleil qui entre par les fenêtres. La plus belle journée depuis que je suis sur le continent. Le premier coup d’oeil sur le balcon donne envie de sortir au plus vite.
Mon déjeuner est poche car ce sont de petits trucs ramassés à une petite épicerie dans le milieu de la ville. On se tapera un vrai déjeuner demain.
Une fois sorti, je descends vers le coeur de la ville. Le soleil donne un jeu de lumière et d’ombre intéressant partout. Banska Stiavnica respire aussi la lenteur. Ce qui fait le plus de bruit ou d’activité est de voir des travailleurs refaire des parties d’édifices qui ont visiblement été démolies pour remettre à neuf.
Je commence par le vieux château. Son look épuré et vieilli lui donne une authenticité rare. Imprécision dans les fenêtres des tours, formes imparfaites. C’est agréable à découvrir. Autour, il y a l’hôtel de Ville, dont j’apprécie particulièrement l’horloge. Derrière, une énorme colonne de la peste paraît aussi très bien.
Le nouveau château est tout aussi simple au niveau du design. Les différences se limitent à la couleur et à l’usure. Le reste est de la continuité.
N’ayant pas encore pris de café, je repère l’Art Café sur mon chemin. C’est une belle occasion de s’arrêter. Je demande un cappuccino, qui est probablement le meilleur dégusté depuis un bout de temps. Un croissant au chocolat me fait des clins d’oeil. Je fais bien de me laisser tenter car son goût de chocolat noir est simplement écoeurant.
Le jardin botanique ne fait pas partie de ce qui est recommandé de visiter mais comme je le vois sur la carte, je veux quand même y aller. Belle idée car il est fait en pente et la lumière du soleil le fait vraiment resplendir. C’est vert, sobre et beau. Tout le long de ces visites, je ne vois à peu près pas de touristes, malgré l’intérêt mérité par les lieux. Il y a bien des gens qui manquent quelque chose en ne visitant que les destinations célèbres. La seule langue étrangère que les gens sont capables d’utiliser pour me répondre est l’allemand.
J’aperçois un château qui doit bien être à deux kilomètres en ligne directe. Fait de pierre et surfaces rouges, il doit valoir la peine d’un détour. D’attaque, je marche dans sa direction mais après quelques vérifications sur Google Maps, il n’est pas accessible à moins de lui consacrer une demi-journée pour y aller par les sentiers et revenir. Encore là, ça ne doit pas être ouvert pour des visites en raison de l’accès restreint. Tant pis, je renonce.
Le reste de mon parcours ne permet pas de découvrir des monuments, mais d’apprécier le calme et la lenteur de cette petite localité. Ça doit être difficile d’y vivre en exerçant une profession que l’on aime mais pour une journée ou deux de tourisme, c’est un franc succès.
On achète quelques trucs au supermarché dans le bas de la ville pour se taper un vrai déjeuner demain, et on remonte la rue principale pour déposer des affaires à l’auberge.
À mon retour, le gérant vient ouvrir une des chambres pour une Slovaque et son enfant en bas âge. Boy… moi qui appréciais le calme hier, je crains le pire. Surtout qu’au premier contact, ça commence mal comme avec toutes les autres femmes slovaques vues jusqu’ici. Je suis assis dans la cuisine. Voulant simplement être poli et reconnaître la présence d’un autre être humain dans la périphérie, je dis salut et demande si elle est en voyage ici. J’ai droit à un “oui” des plus secs. Quelques minutes plus tard, elle tasse mes affaires de façon brusque sur le comptoir pour déposer les siennes. Décidé à imposer le respect, je lui dis “hey, laisse mes affaires en ordre”. Aucune réaction. C’est seulement quand elle perçoit que je me lève qu’elle prend finalement un instant pour réarranger mes trucs. Si une démonstration de fermeté est obligatoire pour se faire respecter auprès des femmes slovaques, je prends des notes ! Après, elle est devenue plus courtoise et ne m’a pas trop dérangé.
Patience après la foutue machine à laver pendant ses différents cycles, étendage de linge… Voyager n’est pas toujours très glamour. Mais si je veux souper l’esprit en paix et partir avec du linge propre, la corvée est nécessaire.
Après cela, une bonne bouffe est à l’ordre du jour. Le gars de l’auberge m’a chaudement recommandé la brasserie Erb pour un bon menu et une excellent bière locale. Alors j’y vais. L’endroit est magnifique. Murs et tables en bois tout neuf, équipements de brassage à la vue des clients, petite musique classique et service ultra courtois. Intéressant. Je commande une pinte de leur pilsner 12 degrés – les amateurs comprendront – et la saveur est tout à fait parfaite. Une explosion de houblon et de malt en bouche. C’est supérieur de peu à la Urquell, probablement parce que c’est plus artisanal.
Le steak de poulet est juteux, sa sauce poivre et bière ajoute un peu de piquant et les frites très croustillantes sont coupées de façon ondulée. Tout est de qualité ici. On profite de l’occasion pour savourer une bière de plus. Ils vendent des verres à leur marque qui sont extrêmement élégants. Un pour moi, un pour un ami. Aussi, une bouteille de leur pils fera son chemin jusqu’à mon frigo à Montréal. Mine de rien, je viens de claquer 29 euros alors qu’un bon souper dans un autre resto pourrait en coûter 10. Cette brasserie haut de gamme est toutefois la meilleure que j’ai visité. Ça vaut une exception.
Ne reste plus qu’à prendre quelques photos de nuit avant de partir.